Type de texte | source |
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Titre | Traité du ris |
Auteurs | Joubert, Laurent |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1579 |
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, « Savoir-mon si quelqu’un peut mourir de rire » (numéro livre III, ch. XVI (et dernier)) , p. 347-352
Mais que répondrons-nous de ceux, qu’il conte par écrit être morts du vrai ris ? On avait apprêté des figues à Philémon [[1:Diogène Laertien attribue cette histoire à Chrysippe philosophe stoïque. Et il peut bien être advenu de même à tous deux]]. Son âne les vient manger en sa présence. Il crie au serviteur, qu’on le vienne chasser ; mais le garçon arriva trop tard, qui était allé quérir du vin. Auquel Philémon dit, Puisque tu as été si tardif, donne maintenant ce vin à l’âne. Lors voyant que l’âne en buvait, le bon vieillard se mit tellement à rire, qu’il en étouffa. Verrius a témoigné, que Zeuxis très excellent peintre, mourut en riant sans fin, de la grimace d’une vieille que lui-même avait peinte. Monsieur Boissonade médecin d’Agen, docte, expert et diligent, homme de bien et d’honneur, m’a témoigné que la paumière (c’est-à-dire la maîtresse du jeu de paume) de ladite ville d’Agen, femme âgée, mourut à force de rire, oyant conter une chose fort inopinée, étrange et ridicule. Il est vrai que ces exemples sont fort rares ; si est-ce qu’au premier livre nous avons donné une atteinte à ce doute, comment il se peut faire que le ris amène la mort. Dont il nous reste ici à expliquer plus exactement, comment cela advient. Je pense que la principale cause de la mort, qui procède du ris, est la faute de respirer. […] Il faut ajouter à ceci, que Philémon était vieux, ainsi que dit l’histoire. Or il est certain, que les vieux ont peu de chaleur et de force ; dont il est plus aisé qu’ils meurent soudain de joie, ou d’autre affection, que les jeunes. Et que Zeuxis aussi fut vieux, outre ce que nous en lisons, il est bien vraisemblable ; d’autant que chacun se rend toujours avec le temps plus parfait et excellent en son art. Si la grâce et perfection de son ouvrage lui donna l’occasion de rire excessivement, et de mourir ensemble, on peut bien conjecturer de cela, que l’ouvrage était merveilleux, et le peintre fort consommé en son art. Ainsi la paumière d’Agen, pour être vieille (paraventure) à jeun, outre ce qu’aux femmes la chaleur naturelle est plus débile, et le lien de l’âme plus fragile, put bien mourir de rire. Je cuide avoir satisfait par ces raisons, au problème et question qu’on pouvait faire, de ceux qui meurent de rire. Ce sont exemples et événements fort rares, dont aussi le fait requière plusieurs conditions.
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